140 SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE
INFORMATIONS SCIENTIFIQUES ET NOTES BRÈVES
I. Réponses et discussions
1 A. Bellard (Xovéant, Moselle), A propos des mardelles de Lorraine.
L'observation en Picardie, par notre Collègue Agachc, de dépressions consécutives au remblayage d'excavations par les mineurs néolithiques, lui a fourni (Bull. Soc. préhist. fr. 1959, p. 556) d'excellentes raisons de penser que les Préhistoriques s'y sont vraisemblablement installés à l'abri des vents, puisque Von y trouve des silex craquelés, des traces de cendre, des coquilles d'escargots et quelques belles pièces finies. Voilà précisément ce que l'on n'a jamais trouvé en Lorraine, car les mares ou mardelles, habitations souterraines celtiques en Lorraine, dont, sous ce titre, mon vieil ami Tirnothée Welter traitait au Bull. Soc. préhist. fr. 1908 (1) et que Roger Agache a pris à référence (Bull. Soc. préhist. fr. 1959, p. 561, Bibliographie § XXI) ne rendent absolument pas le même témoignage.
La question des mardelles en Moselle nous est posée depuis longtemps, et tel est le titre de l'étude, illustrée de dix photogravures, en laquelle la dynamique Société d'Histoire naturelle de la Moselle croit l'avoir résolue en 1932 par la plume de trois auteurs (W. Delafosse> H. Guyot et l'auteur de ces lignes) servant trois disciplines différentes : géologie, sylviculture et archéologie préhistorique. W. Delafosse, professeur agrégé de Sciences naturelles, la reprenait seul en 1948, dans une seconde étude de l'Origine des mardelles de Lorraine (2), illustrée de deux photogravures et d'une carte transparente superposant les données géologiques à une carte de répartition des mardelles.
L'abondance des faits d'observation et des références dont sont bourrés ces deux travaux ne nous permet guère d'en tenter le résumé ici; disons seulement que la fouille des mardelles s'est trouvée plus que décevante dans la quasi-totalité des cas; pour une qui a livré une sorte de caillebotis manifestement dû à la main de l'homme — comme Al- trippe — pour un certain nombre qui, proches d'habitats humains, ont servi de dépotoirs et livrent un butin qui va de la tegula romaine au ressort de sommier, presque toutes se sont révélé absolument stériles (3) ; nul rejet de terres ne les avoisine, nul outil fouisseur n'y a été trouvé.
Un fâcheux aiguillage avait été donné par l'érudit Julien Bach dans son Mémoire sur les habitations gauloises et sur les vestiges qu'on en trouve dans les provinces de l'Est, lu le 12 juillet 1866 à la Société d'Archéologie de la Moselle; les archéologues d'Allemagne et d'Angleterre venaient de publier leurs découvertes d'excavations circulaires disse-
(1) C'était la doublure, en français, de son article Die Mařen oder Mardel- le.n : Kcltische Wohnariiben in Lothringen, publié en 1907 dans la Korres- pondenz-Blatt de la Société allemande d'Anthropologie. (2) Delafosse, Guyot et Bellard, La question des mardelles en Moselle, Bull, de la Soc. d'Hist. nat de la Moselle, 33e cahier (1932) pp. 89-102. — Delafosse, De l'origine des mardelles de Lorraine, Mém. Ac. nat. de Metz (1948) pp. 63-82. (3.) Th. Welter avait pour presse-papier sur son bureau deux grandes et splendides haches en griinstein dont l'une, d'un type inédit, offrait un profil très fortement recourbé; comme je lui en demandais la provenance « Cela provient de mardelles de la région de Dieuze », me répondit-il sivcment; puis, comme je le pressais de me préciser les conditions de au jour : « Enfin, on les a trouvés près de mardelles », reprit notre doyen.
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